« Saisissement » : A l’aube de ce livre, un mot fort, sidérant autant qu’étrangement attirant, faisant surgir du profond de nous comme une émotion, loin ancrée, oubliée, et pourtant toute proche puisque aussitôt ré émergée : l’émotion d’écrire…

Avant même de commencer à lire, la pensée déjà vagabonde …
Ecrire, un acte spécifiquement humain, un besoin qui envahit parfois certains êtres, ne les laissant en répit qu’une fois l’acte accompli et tout à fait abouti ; mais aussi, à l’inverse, un acte que d’autres refusent de pratiquer longtemps et obstinément, comme s’ils craignaient, en entrant dans ses lois et ses règlements, d’être forcés de s’exiler. A travers ses bonheurs, ses douleurs et ses questionnements, quel est donc cet acte qui porte en lui la clé de quelques mystères qui nous concernent ?

Dès l’introduction, Carmen Strauss-Raffy, dans un style rythmé par la musique des mots choisis, pose les questions essentielles :
« Quelle est cette étrange activité se jouant de présences qui vont s’absenter et d’absences qui vont se re-présenter, d’un temps présent à écrire, tourné vers un futur à lire, quand le présent du lecteur redonnera vie aux traces passées de l’auteur ? … Quel message a été confié à cette mémoire extérieure silencieuse qui endort les mots, dans l’attente d’un lecteur prêt à réveiller ce que l’auteur cherchait à dire ? (p.9) … A quel monde enfoui aux richesses insoupçonnées l’écriture donne t-elle accès ? (p.10) …Quelles transformations s’opèrent pour traverser le versant qui touche au centre et à la vérité de l’être, et atteindre l’autre versant, celui qui paraît avoir dépassé les péripéties et les tremblements du sujet, dans un forme maîtrisée, plaisante et ouverte aux lecteurs ? (p.11) »

Voilà le ton donné et le lecteur, à la fois pris et prêt à accepter d’entrer dans le « saisissement » annoncé.

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