Quelques années de recherche et de travail ont abouti à l'achèvement d'une thèse intitulée "Approche clinique du passage à l'écriture et de son accompagnement" que j'ai soutenue en décembre dernier, sous la direction de Mireille Cifali, professeur à la faculté de psychologie et des sciences de l'éducation de Genève.
Mon expérience de psychopédagogue au CMPP, les questions rencontrées dans ce champ, la confrontation pluridisciplinaire en équipe de synthèse, l'occasion d'élaborer cette pratique à travers l'écriture d'articles dans le Point-Virgule ont constitué l'amorce de ce projet de recherche. Ma découverte étonnée des possibilités de l'écriture comme médiation dans la rencontre psychopédagogique a suscité ma curiosité et mes interrogations sur la nature de cette activité et ses effets sur celui qui se l'approprie. J'entends ici l'écriture au sens d'une activité de création qui engage le sujet ; il ne s'agit pas de la transcription d'une pensée déjà préformée, mais plutôt une activité qui fonctionne comme "machine à penser", comme moyen de production d'une pensée à venir, en référence à Jean Ricardou. C’est tout d'abord sa nature paradoxale qui m’a questionnée : l'écriture est une activité structurante, certes, mais dans le même temps elle comporte une part de risque de déstabilisation, de fragilisation de l’écrivant par ce qui peut émerger au fil de l’écriture : des éléments imprévus sur lesquels il n’a pas la maîtrise et qui le confrontent à une part de soi méconnue ou soigneusement recouverte, comme si une brèche s’ouvrait, mettant l’inconscient à ciel ouvert.
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