Il y a quelques années, l’occasion m’a été donnée de faire une communication dans un colloque intitulé « Vieillir dans le métier » où différents intervenants abordaient cette question pour des métiers très divers : péripatéticiennes, paysans, véliplanchistes, inspecteurs de permis de conduire, etc… Je m’étais intéressée à ce qui se joue pour les professeurs des écoles autour de ce moment de passage que constitue le départ à la retraite. Mon questionnement d’alors avait été suscité par les propos d’une enseignante de mon entourage sur sa difficulté à « tenir jusqu’à la retraite ». Elle exprimait combien il lui était difficile dans cette période de sa vie professionnelle d’exercer son métier sereinement, du fait des changements réguliers dans les discours institutionnels : les réformes et modes diverses imposées allaient à contre-courant de ce que son expérience lui avait appris. Son témoignage, en écho à ceux d’autres enseignants proches de la retraite avaient alors suscité ma curiosité et l’envie d’explorer le vécu des quelques enseignants autour de ce passage. J’avais pour l’occasion questionné une quinzaine de professeurs des écoles en partance ou partis depuis peu. Je découvrais avec étonnement que ces enseignants quittaient le métier sans vraiment laisser trace de leur expérience, sans rien transmettre des savoirs tirés d’une longue vie professionnelle, alors même qu’ils avaient été et demeuraient pour certains des êtres passionnés par leur travail et en parlaient de manière riche et intéressante.
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